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Fusions et acquisitions : perspectives de reprise dans le secteur financier

En 2023, le volume mondial des fusions et acquisitions dans le secteur financier a chuté de 18 % par rapport à l’année précédente, d’après les données de Refinitiv. Plusieurs grandes banques ont toutefois activé de nouveaux mandats dès le premier trimestre 2024, en dépit d’une inflation persistante et de taux d’intérêt élevés.

Les opérations transfrontalières reprennent lentement, alors que la consolidation domestique reste privilégiée dans la zone euro. Certains acteurs institutionnels anticipent une normalisation progressive des valorisations, tandis que l’accès au financement demeure sélectif, particulièrement pour les petites et moyennes structures.

Le secteur financier face à un nouveau cycle de fusions et acquisitions

Le marché des fusions-acquisitions redessine les contours du secteur financier. Après une période de retrait, les spécialistes du conseil en M&A observent un retour prudent mais réel des ambitions, encouragé par la stabilisation progressive des taux d’intérêt. Les grandes banques européennes, longtemps bridées par la pression réglementaire et la flambée des taux, réexaminent leurs priorités. De leur côté, les banques d’affaires américaines se repositionnent avec agilité sur les segments à fort potentiel.

La reprise ne se fait pas au même rythme partout. En Europe, la réglementation limite encore les grandes manœuvres, mais la France se signale par une activité renouvelée, notamment dans les services financiers spécialisés. Outre-Atlantique, aux États-Unis, la liquidité reste disponible pour des cibles bien sélectionnées, même si la prudence sur les valorisations reste de mise. D’après PwC, le premier trimestre 2024 marque une légère hausse du nombre de transactions bancaires, un indice sans équivoque d’un changement de climat.

Les fonds de private equity retrouvent de la latitude. Leur objectif : capter la croissance externe, réorienter leur portefeuille et dégager rapidement de la valeur. Ils privilégient désormais les cibles offrant des synergies concrètes. Cela se traduit par une compétition accrue sur les actifs recherchés. Les équipes de due diligence multiplient les analyses pour anticiper les impacts réglementaires et la volatilité des marchés.

La transformation digitale et le renforcement des exigences réglementaires imposent un rythme soutenu à l’ensemble du secteur financier. Les opérations à venir se distingueront par leur sélectivité et leur complexité. Les acteurs cherchent à combiner croissance, robustesse et capacité d’adaptation, alors que de nouveaux modèles émergent dans la banque, l’assurance et la gestion d’actifs.

Quels moteurs et freins pour la reprise des opérations en 2025 ?

Le terrain paraît favorable à une relance des transactions dans la finance, mais le décor n’est pas uniforme. Plusieurs moteurs se dessinent, soutenus par la stabilisation des taux d’intérêt et la recherche continue de relais de croissance. Les fonds de private equity ont des réserves de liquidités et n’attendent qu’un feu vert pour investir dans la croissance externe. La technologie accélère la transformation des métiers : l’intelligence artificielle, la cybersécurité, la gestion d’actifs bouleversent les standards et ouvrent de nouvelles pistes pour les fusions et acquisitions. Les secteurs de la santé et de l’énergie suscitent aussi l’intérêt des investisseurs désireux de diversifier leur exposition et de s’adapter aux grandes transitions.

En matière de géographie, les contrastes sont nets. Les États-Unis conservent une avance tangible, portés par un environnement porteur et la fréquence des méga-deals. En Europe, la vigilance domine : les régulateurs sont sur le qui-vive, les valorisations nourrissent le débat. Si la France reste dynamique, la fragmentation freine les transactions d’envergure. L’Asie accélère, avec l’Inde et le Japon en tête, alors que les régions SAAAME s’installent progressivement dans le jeu.

Les freins ne manquent pas. L’incertitude macroéconomique plane sur chaque dossier. Le coût de la dette, même en repli, continue de peser sur les décisions. Les questionnements réglementaires, notamment autour de la souveraineté et de la protection des données, complexifient la donne. Les investisseurs exigent désormais des synergies concrètes, mesurables à court terme. Naviguer entre appétit pour le risque et rigueur deviendra un exercice d’équilibriste pour tous les acteurs du secteur.

Main échangeant un contrat avec un stylo dans un bureau professionnel

Scénarios d’évolution : quelles perspectives pour les acteurs du M&A financier ?

Le marché des fusions et acquisitions appliqué au secteur financier s’apprête à traverser une phase pleine d’incertitudes, où chaque région imprime sa dynamique. Les banques européennes cherchent à renforcer leur modèle dans un contexte marqué par la fragmentation et des normes de plus en plus strictes. Les banques américaines, elles, gardent leur esprit offensif et profitent d’une croissance robuste pour cibler des acquisitions stratégiques. En Asie, le Japon et l’Inde accélèrent leur diversification. Les institutions africaines et du Moyen-Orient, quant à elles, misent sur la consolidation régionale pour gagner en solidité.

Trois axes principaux devraient structurer les transactions à venir :

  • la consolidation domestique, levier pour franchir un cap en termes de taille et de compétitivité ;
  • les acquisitions ciblées dans la technologie et la gestion d’actifs, domaines où l’innovation redéfinit les positions de marché ;
  • l’internationalisation, avec une attention particulière portée aux marchés en forte croissance, notamment sur l’axe Asie-Afrique.

Le private equity affine ses choix, en visant des dossiers à forte création de valeur et en profitant de la redistribution de certains portefeuilles. Les cabinets de conseil en M&A s’attendent à voir monter en puissance des opérations complexes, dopées par la digitalisation et l’intensification des réglementations. Pour la suite, tout dépendra du retour de la confiance et de la capacité des acteurs à intégrer de nouveaux savoir-faire, en particulier dans la cybersécurité et l’intelligence artificielle.

Si la finance mondiale opère sa mue à travers ces mouvements, une question demeure : qui saura transformer chaque opération en levier durable, et non en simple sursaut conjoncturel ?